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La révolution de 1848 à Bron

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Et de deux ! En 1848, les Français effectuent une nouvelle Révolution. Les Brondillants en firent tout autant.

Poursuivez l'Histoire : Retrouvez ici le texte complet de l'article "Histoire et Patrimoine" dont un extrait est présenté dans le magazine municipal B[r]ONjour n°33 de Février 2024.

En à peine trois jours, du 22 au 25 février 1848, les Parisiens renversent le roi Louis-Philippe et mettent définitivement fin à la monarchie dans notre pays. A Bron, la réaction à ces évènements est immédiate. Dès le 28 février, « cinquième jour de la République », les habitants rameutés au son du tambour, se rendent sur la place de l’église à 10 heures du matin, expulsent le maire royaliste Jean-Pierre Gayet, et désignent « à l’unanimité » une commission de cinq membres, chargée de gérer provisoirement les affaires de la commune. La première action de cette commission révolutionnaire consiste à faire main basse sur les archives municipales, notamment sur le cadastre, les délibérations du conseil et le tampon de la mairie, gages du pouvoir local. Puis, pour s’assurer une force armée, elle procède à la nomination des officiers et sous-officiers de la garde nationale, ancêtre de notre police municipale, comprenant 32 personnes. Alors que ces révolutionnaires en herbe s’apprêtent à se séparer, et à probablement arroser leur victoire dans l’un des cabarets de la grande route royale de Lyon à Grenoble, ils se ravisent soudain : ils ont oublié de nommer le président de la commission provisoire ! Bron n’a personne à sa tête ! Ni une ni deux, tout le monde retourne sur la place de l’église, et proclame « à l’unanimité des voix » Jean Tillet, président de la commission, autrement dit faisant fonction de maire.

Ce Jean Tillet n’est pas un perdreau de l’année. Fils d’un agriculteur aisé de la commune, il est né à Bron en 1810, est veuf d’une Mâconnaise et exerce la double profession de « propriétaire » et de géomètre. Il vole donc au-dessus des petits paysans composant la masse des 999 Brondillants de l’époque. Bien vite, Jean Tillet et la commission provisoire s’attellent à développer Bron. Dès mars 1848, ils entament un programme de travaux de réparation des principaux chemins du village, suivi en mai par le vœu d’acheter un terrain pour y construire une « maison d’école ». Hélas, les finances communales ne permettent pas tout de suite cette réalisation, car avec 3542 francs de recettes et 3921 francs de dépenses, le budget de 1848 s’avère déjà en déficit. Mais nos révolutionnaires ne restent pas bras ballants : ils votent immédiatement la création d’une nouvelle foire qui serait fixée au 7 janvier, « dans le but de donner un plus grand revenu à la dite commune de Bron ». La popularité de Jean Tillet ne fait dès lors que s’accroître, au point qu’en août 1848, à l’issue d’élections municipales effectuées au suffrage universel, il est désigné maire à la majorité absolue. Tout n’est cependant pas rose. A Lyon et dans ses environs, l’agitation est telle que le gouvernement envoie plus de 30.000 soldats. A Bron même, les attaques nocturnes contre les grands propriétaires se multiplient, comme le 29 juillet, lorsque « plusieurs gerbiers de blé » sont incendiés par des hommes armés. Au sein de la municipalité aussi, des tensions se font jour, au point qu’en janvier 1850, Jean Tillet est révoqué par le préfet de l’Isère, et remplacé par son adjoint. Il avait pourtant enfin lancé la construction d’une « maison commune », pour abriter mairie et école. Dommage.

Aline Vallais

Sources : Archives du Rhône, 4 E 417 et 425. Archives de Bron, délibérations municipales, 1847-1852.

 

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